Persistance et bouleversements : la difficile traversée du XXe siècle
1900-1945 : entre résilience et repli
Le XXe siècle marque en France une érosion progressive des sociétés savantes, à la fois concurrencées par le développement universitaire et affaiblies par les crises majeures.
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La Première Guerre mondiale éprouve douloureusement les sociétés montbéliardaises : sur une cinquantaine de membres recensés en 1914, dix sont tués ou blessés, la plupart suspendent leurs activités en 1915-1918 (Source : Bulletins de la Société d’Émulation, 1921).
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Dès les années 1920, le recrutement s’essouffle, les jeunes diplômés privilégiant de plus en plus l’Université de Besançon ou de Strasbourg.
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À la veille de la Seconde Guerre mondiale, seules deux sociétés subsistent avec une trentaine de membres réguliers, bien loin de l’effervescence des décennies précédentes.
Pourtant, même en contexte troublé, ces cercles continuent de publier – à échelle réduite – des études sur l’urbanisme napoléonien, des recherches ethnographiques sur les traditions paysannes ou des inventaires botaniques. À noter, l’édition en 1937 d’un inventaire des moulins du Doubs, devenu une référence pour la sauvegarde du patrimoine hydraulique.
1945-1980 : la redéfinition des missions et l’ouverture à de nouveaux publics
La Libération s’accompagne d’un grand besoin de reconstruction et d’un renouveau du tissu associatif. Si nombre de sociétés savantes locales s’étiolent dans certaines villes moyennes, Montbéliard offre une résistance particulière. Elle s’adapte et se renouvelle :
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En 1953, la fusion entre la Société d’Émulation et la Société d’Histoire Locale donne naissance à la Société d’Histoire et d’Archéologie de Montbéliard, encore active aujourd’hui (voir SHAM)
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Les sujets de recherche s’élargissent : place accrue à la préhistoire, à l’histoire ouvrière (industrie automobile oblige), mais aussi à la linguistique francomtoise et aux premières enquêtes sur l’immigration suisse et piémontaise.
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La démocratisation de l’accès à l’éducation entraîne l’apparition d’un public nouveau : instituteurs, élèves des lycées, artisans. En 1960, les séances publiques attirent à nouveau jusqu’à 150 visiteurs (Source : comptes-rendus SHAM 1962).
C’est aussi l’ère des collaborations avec les musées (en particulier le Musée du Château), l’organisation d’expositions temporaires et la publication d’ouvrages collectifs devenus incontournables, comme le Dictionnaire historique de Montbéliard (1970).