Explorer les trésors du Musée d’Art et d’Histoire de Montbéliard : collections, chefs-d’œuvre et curiosités

31/10/2025

Un musée, trois cœurs de collection

Le Musée d’Art et d’Histoire de Montbéliard structure ses collections autour de trois grandes familles :

  • Les beaux-arts : peinture, sculpture, arts graphiques, arts décoratifs du Moyen Âge à nos jours.
  • L’histoire locale, ethnographie et patrimoine scientifique : la saga du Pays de Montbéliard, des temps préhistoriques à l’industrialisation, en passant par la dynastie des Wurtemberg.
  • L’archéologie et la paléontologie régionales : vestiges du Paléozoïque à l’époque gallo-romaine, spécimens fossiles emblématiques.

Les chiffres offrent un aperçu de l’ambition encyclopédique : plus de 35 000 objets inventoriés (Musées du Doubs), couvrant une chronologie de plus de 400 millions d’années. À travers ces ensembles, se raconte autant l’enracinement local que l’ouverture sur l’Europe et le monde.

L’art : peintures, sculptures et fonds graphiques

Peintures du XVII au XX : une mosaïque d’écoles et de regards

La section Beaux-Arts du musée accorde une place privilégiée à la peinture européenne. La collection comprend près de 600 tableaux, issus principalement de la période allant du XVII au début du XX siècle. Quelques points saillants :

  • Peinture ancienne : Œuvres françaises, italiennes, germaniques et flamandes. Citons notamment deux pièces maîtresses : Portrait de jeune femme attribué à Hyacinthe Rigaud (XVII), et la remarquable représentation de Saint Jérôme de la sphère nord-alpine.
  • Art du XIX : Les grandes mutations picturales sont illustrées par plusieurs toiles de l’école réaliste et romantique, à côté d’exemples régionaux significatifs (tableaux d'Édouard Bouillet et Charles Cournault, documentant la vie locale ou la nature jurassienne).
  • Peinture moderne : Présence remarquable d’Antoine-Jean Gros (Le Général de Montluel), d’artistes du mouvement nabi (Paul Sérusier), sans oublier les symbolistes et les impressionnistes régionaux.

Des acquisitions plus récentes complètent l’approche contemporaine, via des œuvres de Michel Gérard et de la nouvelle figuration.

Sculptures et arts décoratifs : éclats de matière, regards sur le quotidien

  • Sculpture religieuse : Le musée conserve plusieurs statues gothiques et baroques issues des églises montbéliardaises (vierges ouvrantes, bois polychromes). Particularité locale : la présence d’un Christ en croix du XVI siècle attribué à l’école souabe.
  • Arts décoratifs : Mobilier régional, faïences de la manufacture de Sarreguemines, orfèvrerie et une collection représentative de l’époque de la cour des Wurtemberg à Montbéliard au XVIII siècle (vaisselle, objets usuels, costumes).

Un exceptionnel fonds graphique

Les collections graphiques regroupent plus de 2 000 dessins et gravures. La richesse des fonds vient notamment du legs du médecin et collectionneur Georges Cuvier (dont plusieurs études d’anatomie), mais aussi de la documentation scientifique produite par les savants locaux à partir du XVIII siècle.

Archéologie et paléontologie : témoins des temps anciens du territoire

L’aventure archéologique montbéliardaise

  • Préhistoire et Âges des Métaux : outils lithiques (haches polies, silex taillés), objets de parures retrouvés dans le bassin de la Lizaine et la vallée de l’Allan, témoignages des occupations humaines du Néolithique à l’Âge du fer.
  • Époque gallo-romaine : céramiques, monnaies, fragments de mur d’enceinte, matériaux de construction égalant la diversité des sites de Mandeure et de Mathay (site antique d’Epomanduodurum, théâtre monumental).
  • Moyen Âge : objets du quotidien, mobilier funéraire issu des fouilles intra-muros du château. Notons la rareté de certaines fibules mérovingiennes découvertes lors de campagnes des années 1970.

Fossiles et patrimoine naturel

  • Paléontologie : fossiles du Muschelkalk (Trias) de Franche-Comté, spécimens rares tels qu’un Notosaurus (reptile marin ; Trias moyen, env. 240 millions d’années), coraux fossiles et empreintes de végétaux du Permien (étudiés par Cuvier).
  • Numismatique : au carrefour de l’histoire et de l’archéologie, la collection monétaire illustre 2 000 ans d’échanges économiques, des premiers deniers gaulois aux jetons d’époque wurtembergeoise.

Histoire régionale, ethnographie et patrimoine industriel

La mémoire du Pays de Montbéliard

  • Dynastie des comtes puis ducs de Wurtemberg : Tableaux, portraits, souvenirs princiers, correspondances. Les espaces du musée évoquent la particularité protestante du territoire, la Réforme luthérienne et l’autonomisation vis-à-vis de la France avant le rattachement en 1793.
  • Société et vie quotidienne : Collection de costumes traditionnels (coiffes, fichus, chemisages), objets artisanaux (coffres ornés, instruments de musique populaire).
  • Art populaire : Peintures sur verre, ex-voto, objets liturgiques protestants, témoins de la coexistence multiconfessionnelle propre à Montbéliard et à l’aire helvético-alsacienne. La présence de meubles « de conjoints », peints de motifs symboliques, retient l’attention des amateurs.

Focus sur le patrimoine scientifique : Cuvier, Peugeot et les écoles d’émulation

  • Georges Cuvier (1769-1832) : Le musée conserve le cabinet de travail du célèbre naturaliste né à Montbéliard (reconstitution fidèle, instruments, ouvrages, manuscrits), ainsi que plusieurs pièces du patrimoine familial. Les modèles d’anatomie comparée réalisés d’après ses observations incarnent la naissance de la paléontologie moderne (Ville de Montbéliard).
  • Histoire de l’industrie locale : Un espace met à l’honneur l’aventure de l’entreprise Peugeot, depuis les premiers moulins à grain jusqu’aux bicyclettes et outils à main du XIX siècle. Objets, plans, médaillons, et archives illustrent la métamorphose d’un atelier rural en une multinationale de l’automobile et du cycle.
  • Pédagogie et émulation savante : Instruments scientifiques (microscopes, baromètres, collections de minéraux) issus de l’École Normale de Montbéliard, créée en 1833, témoignent de la tradition éducative et de l’innovation technique locale.

Expositions temporaires et dynamique des collections vivantes

Au-delà des collections permanentes, le musée se distingue par une programmation d’expositions temporaires permettant de mettre en avant des fonds rarement vus ou de questionner l’actualité du territoire par le prisme de l’art et de l’histoire. Quelques exemples récents :

  • « Montbéliard, ville d’émulation » : exploration de la société savante locale et de ses réseaux européens.
  • « Peugeot, 200 ans d’innovation » (2020) : dialogue entre art industriel et design contemporain.
  • Expositions sur l’art contemporain régional : présence d’artistes comme Lionel Guibout ou Camille Viéville.

Ces expositions dynamisent le fonds et tissent des liens entre héritage, création actuelle et enjeux patrimoniaux de demain.

Musée et territoire : le patrimoine montbéliardais en partage

Le Musée d’Art et d’Histoire de Montbéliard s’impose ainsi comme un conservatoire encyclopédique et vivant, reflet d’une histoire locale à la fois enracinée et pleine de circulations. À travers ses 35 000 pièces, il offre à la ville et à ses visiteurs un outil unique de connaissance, d’émerveillement et d’émulation autour de — et bien au-delà de — la figure de Georges Cuvier, du souvenir des Wurtemberg, ou de l’aventure Peugeot.

À l’heure où les sociétés d’émulation réinventent leur mission dans un monde en mouvement, le musée demeure un carrefour où dialoguent mémoire, curiosité et créativité. C’est aussi un lieu privilégié pour appréhender la continuité – et la mutation – d’une « petite ville d’Europe » depuis la préhistoire jusqu’aux défis contemporains.

L’invitation, lancée à tous les publics, reste la même : franchir les portes du musée, ce n’est pas seulement découvrir des collections, mais entrer dans une histoire à multiples voix, à la fois intime et universelle.

Sources : Musées du Doubs ; Ville de Montbéliard ; Base Joconde/Ministère de la Culture ; Guide du patrimoine Bourgogne-Franche-Comté (Somogy).

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