14/10/2025
Impossible d’évoquer Montbéliard sans commencer par son château, silhouette emblématique qui domine les toits de la vieille ville depuis plus de sept siècles. Érigé sur un promontoire rocheux dès le Moyen Âge, le Château des ducs de Wurtemberg (classé Monument Historique en 1996) fut, de 1397 à 1793, le siège de cette dynastie qui marqua profondément l’architecture, la politique, et jusqu'aux mœurs du Pays de Montbéliard (Wikipédia).
Une anecdote peu connue : en 1793, pendant la Révolution française, le château fut brièvement converti en prison, marquant la fin de la domination wurtembergeoise. Un parquet d’époque a été miraculeusement conservé dans la « chambre dorée ». Les plus passionnés peuvent découvrir lors de visites guidées des coins secrets rarement accessibles au public.
Autre jalon architectural exceptionnel, l’église Saint-Martin tient une place singulière dans l’histoire spirituelle nationale. Inaugurée en 1601 sur commande du duc Frédéric Ier, elle fut la première église de France bâtie spécifiquement pour le culte protestant. Le Pays de Montbéliard, rattaché au duché de Wurtemberg, a ainsi été un laboratoire religieux et culturel singulier dans le contexte français.
L’église Saint-Martin concentre, dans sa pierre blonde toute la singularité du « Pays de la Bible », nom parfois donné à Montbéliard au XVIIIe siècle.
Le Musée du Château ne constitue qu’un des trois établissements principaux du réseau muséal « Musées de Montbéliard ».
L’histoire de Montbéliard ne saurait s’écrire sans évoquer la formidable aventure industrielle née à quelques kilomètres, à Sochaux. Fondé en 1810, le groupe Peugeot a façonné le paysage économique et social du pays, transformant la région en « Detroit française » selon la formule du dès 2005.
Le musée est littéralement construit sur l’ancien site industriel Peugeot, où plus de 400 000 véhicules sortent encore chaque année des chaînes d’assemblage (L’Aventure Peugeot).
Si Montbéliard et son aire urbaine sont souvent évoqués pour leur héritage protestant, ils recèlent aussi l’un des patrimoines juifs les plus singuliers de la région. La synagogue d’Audincourt, bâtie en 1912 par l’architecte Paul Maurer, est un précieux témoin de la diversité de la population ouvrière et commerçante du début du XXe siècle.
Le centre ancien de Montbéliard, articulé autour de la place Saint-Martin, est un modèle d’urbanisme typique de la Renaissance wurtembergeoise. La ville médiévale fut transformée au XVI siècle en une cité ordonnée, aérée, marquée par une architecture de style germanique : maisons à encorbellements, cours intérieures, lucarnes à têtes sculptées, fenêtres géminées… La couleur pastel des façades, héritage du style du duché, fait aujourd’hui la singularité du cœur de ville.
À retenir : le théâtre monta la première « » de la région dès 1782, renouvelant la scénographie et l’imaginaire social.
Unique en son genre, le parc du Près-la-Rose occupe 10 hectares en bordure d’Allan. Ce récit naturel moderne, doté de jardins à thèmes et de sculptures contemporaines, s’est imposé comme l’une des promenades favorites des familles et des étudiants de Montbéliard. Il est également le berceau du Pavillon des Sciences, centre de culture scientifique reconnu en région.
On notera un paradoxe : le parc, zone marécageuse jusqu’au début du XXe siècle, a été totalement réaménagé entre 1997 et 2001 pour devenir un laboratoire paysager et éducatif.
Les monuments et musées de Montbéliard ne sont pas seulement les reliques d’une gloire passée. À chaque époque, ils ont su se réinventer, accueillir la diversité des expressions et des usages, continuellement remis sur le métier par des générations de bâtisseurs, d’artisans, d’artistes et d’érudits. S’y promener, c’est traverser une mosaïque de cultures, capter un élan d’émulation qui dépasse le cadre du patrimoine figé. La vitalité culturelle de Montbéliard s’incarne donc dans la capacité de ces lieux à nourrir le présent et à inspirer l’avenir — une aventure collective qui ne demande qu’à être poursuivie.