Au cœur du Pavillon des Sciences : miroir vivant de la curiosité montbéliardaise

04/11/2025

Un écrin scientifique au service de l’émulation locale

Dans le paysage montbéliardais, rares sont les institutions qui symbolisent à ce point l’esprit de curiosité et d’émulation que le Pavillon des Sciences. Installé au cœur du parc du Près-la-Rose depuis 2002, ce centre de culture scientifique, technique et industrielle (CCSTI) est devenu, pour des milliers de visiteurs chaque année, le trait d’union entre l’héritage des sociétés savantes d’autrefois et les enjeux contemporains du partage des savoirs.

Mais que dit-il, ce Pavillon, de la tradition de curiosité savante à Montbéliard ? Comment s’inscrit-il dans une histoire longue ? Quelles traces y repère-t-on d’un goût local pour l’observation, l’invention, l’expérimentation ? Partons à la découverte de ce lieu tant pour comprendre son rôle que pour déchiffrer ce qu’il révèle – de génération en génération – de la passion montbéliardaise pour les sciences.

L’histoire du Pavillon : héritage et renaissance de la science populaire

Le Pavillon des Sciences trouve sa source dans une tradition régionale ancienne de diffusion des savoirs. Dès le XVIII siècle, le Pays de Montbéliard voit naître des sociétés d’émulation et des académies qui posent les bases d’une forme d’éducation populaire autour des arts et des sciences (Sociétés d’émulation sur Wikipédia). Cette appétence pour la discussion savante, le partage d’expériences et la vulgarisation n’a jamais vraiment disparu.

Si le Pavillon naît officiellement en 1986 - à partir de la volonté d’un petit groupe d’enseignants et de scientifiques locaux - il s’ancre dès l’origine dans cette lignée. Son installation dans le parc du Près-la-Rose n’est pas anodine : un parc scientifique, au sein duquel la nature elle-même devient support de découvertes. Chaque année, le Pavillon accueille plus de 55 000 visiteurs (Source : Pavillon des Sciences), confirmant son rayonnement régional.

Espaces et expositions : théâtre de la curiosité en action

Le Pavillon des Sciences se déploie sur près de 1 200 m². Il s’articule autour de plusieurs espaces dynamiques, spécifiquement pensés pour stimuler la curiosité, éveiller les sens, provoquer le questionnement. On y distingue :

  • La grande salle d’expositions temporaires : Renouvelée tous les 6 à 9 mois, elle croise parfois des thématiques historiques, souvent scientifiques, mais toujours ouvertes à l’interdisciplinarité (mathématiques et musique, alimentation et chimie, astronomie et histoire…)
  • L’espace « Les p’tits curieux » pour les 2-7 ans, unique dans la région, véritable laboratoire sensoriel pour les plus jeunes
  • Un planétarium de 40 places, qui a accueilli près de 12 000 spectateurs en 2023
  • Un jardin scientifique en plein air, où l’on expérimente, observe, manipule, du printemps à l’automne

L’approche du Pavillon repose sur l’interactivité. Ici, on ne se borne pas à exposer, on invite à manipuler : plus de 60 modules interactifs sont déployés annuellement. Ce parti pris pédagogique illustre l’attachement local à la “main à la pâte”, l’expérimentation et le vécu de la science.

Des chiffres qui parlent : fréquentation, publics, impact

Ce que révèle le Pavillon sur la curiosité montbéliardaise se lit aussi dans ses chiffres-clés :

  • 55 000 visiteurs annuels dont près de 20 000 scolaires venus de tout le département du Doubs, des régions limitrophes, mais aussi de Suisse voisine
  • Plus de 350 groupes scolaires accompagnés chaque année
  • 25 expositions temporaires créées ou coproduites depuis 2010
  • Un réseau de 80 partenaires nationaux et européens (musées, universités, associations)

Fait remarquable : la part d’enseignants montbéliardais impliqués dans la conception des outils pédagogiques du Pavillon illustre le lien fort entre le tissu éducatif local et la mission de diffusion scientifique. Nombre de bénévoles issus de professions techniques, scientifiques ou de retraités y consacrent aussi du temps, pérennisant un esprit d’engagement collectif.

Entre tradition et innovation : un miroir de l’esprit montbéliardais

Interroger le Pavillon des Sciences, c’est interroger l’histoire et l’avenir d’un « territoire d’émulation ». Plusieurs éléments sont révélateurs :

  • L’ancrage pédagogique : À l’instar des sociétés savantes du XIX siècle qui dispensaient conférences ouvertes, laboratoires et lectures publiques, le Pavillon propose des ateliers, conférences et animations tous publics, favorisant le brassage des générations.
  • La dimension participative : L’appel régulier à des inventeurs locaux, artisans, élèves ingénieurs, dans la programmation, prolonge cette culture du savoir partagé.
  • L’ouverture aux enjeux actuels : De la robotique à l’environnement, en passant par l’intelligence artificielle ou la biodiversité urbaine, les thèmes choisis s’ancrent dans la modernité, tout en cultivant un regard critique et documenté.

Une anecdote témoigne de cet esprit : en 2018, lors de l’exposition sur « L’infiniment petit, l’infiniment grand », le Pavillon a mobilisé aussi bien des astronomes amateurs locaux, des chercheurs de l’université de Franche-Comté, que des élèves d’écoles primaires pour décrypter l’astrophysique actuelle. Ce type de collaboration intergénérationnelle, loin d’être anecdotique, fait partie de la méthode Pavillon.

Pavillon des Sciences et rayonnement du territoire

La notoriété du Pavillon dépasse le strict cadre montbéliardais.

  • Il accueille des expositions labellisées Science à l’École, le rendant incontournable dans la politique nationale de promotion scientifique hors métropoles.
  • Il est porteur d’actions éducatives avec la Suisse voisine (projet Interreg, échanges avec la Haute-École pédagogique de Lausanne), ce qui en fait un trait d’union européen.
  • Il coordonne la Fête de la Science dans le Doubs, touchant chaque automne un public de 8 000 à 10 000 personnes, dans 25 communes partenaires.

Sa programmation a valu au Pavillon deux distinctions récentes : le label “Sciences et Culture, Innovation” du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (2022), et le “Prix d’innovation muséale Bourgogne-Franche-Comté” en 2023 pour sa micro-exposition sur l’écosystème du Doubs.

Des expositions aux aspirations citoyennes : la science comme moteur d’engagement

Il faut noter le choix de certaines thématiques sociétales marquantes : risques naturels, climat, questions de genre dans les sciences, alimentation durable…

  • Le Pavillon a proposé dès 2019 une exposition pionnière sur « Les femmes scientifiques oubliées », en faisant intervenir des associations féministes, des élèves, et des chercheuses locales (Femmes et Sciences).
  • En 2021, l’exposition « Énergie, la transition sous tension » a permis à plus de 1500 lycéens montbéliardais de débattre avec des chercheurs et des industriels locaux.

Le Pavillon devient alors espace de dialogue démocratique, prolongeant – là encore – la vocation des sociétés d’émulation à former non seulement des savants, mais des citoyens éclairés.

L’avenir de la curiosité : un Pavillon en mouvement

Quelles directions nouvelles se dessinent pour ce laboratoire d’émulation ?

  • Le développement du numérique (projets de médiation immersive, réalité augmentée) pour maintenir l’attrait des jeunes générations.
  • Une plus grande collaboration avec les makers et fab labs locaux, prolongeant la tradition montbéliardaise de l’invention pratique et accessible.
  • L’ambition de « sortir des murs » avec la création d’expositions itinérantes dans les villages du Pays de Montbéliard.

Cette dynamique s’inscrit dans la logique d’ouverture et de vitalité qui caractérise Montbéliard depuis le XVIII siècle, transformant le Pavillon en catalyseur de projets collectifs et d’expériences partagées.

Regard vers demain : cultiver la flamme savante

Le Pavillon des Sciences ne se contente pas d’être un musée ni un simple centre d’expositions. Il est, chaque jour, à l’image du territoire : vivant, fédérateur, et profondément attaché à la circulation des connaissances. Par son existence, il rappelle que la curiosité n’est ni l’apanage d’une élite, ni un simple passe-temps, mais le socle sur lequel Montbéliard continue de forger son identité.

En persévérant dans cette culture de l’émulation, ce sont toutes les générations – d’ici et d’ailleurs – qui se voient offrir la possibilité de questionner, d’apprendre et d’inventer, dans l’esprit toujours vivant de la curiosité savante montbéliardaise.

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