Des réseaux animés par la correspondance, la publication et le voyage savant
La correspondance, un fil d’or entre les sociétés
Au XVIII siècle surtout, la correspondance constitue l’un des fers de lance des échanges entre sociétés savantes. Les membres actifs de Montbéliard entretenaient des liens épistolaires réguliers avec des homologues de Strasbourg, Stuttgart, Bâle, et jusqu’à Paris ou Berlin. Lorsque la Société d’émulation de Montbéliard est officiellement fondée en 1776 (Archives municipales de Montbéliard), la pratique de l’échange de procès-verbaux, de mémoires ou d’ouvrages en « service de presse » est déjà bien établie.
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Par exemple, Pierre-Joseph Faure, médecin montbéliardais, correspondait avec l’Académie des Sciences de Paris ainsi qu’avec l’Académie Leopoldina de Halle (source : Biographie universelle Michaud).
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Les bulletins annuels servaient d’espace d’interpellation : il n’est pas rare qu’une publication locale soit relayée ou discutée à l’Académie de Lyon ou à Londres.
Les échanges de publications savantes
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La Société d’émulation de Montbéliard, comme la plupart de ses homologues, adressait régulièrement ses recueils de mémoires, bulletins ou annales à d’autres sociétés : on retrouve trace de ces envois dans les catalogues de la Royal Society ou de la Société Linnéenne de Londres.
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En retour, Montbéliard recevait revues et bulletins d’ailleurs, offrant ainsi à ses membres un accès rare à des recherches, inventions et débats d’avant-garde menés par leurs pairs européens.
Cette circulation contribue à la standardisation des pratiques scientifiques (observation, description, classification, etc.) et à l’émergence d’un langage commun du savoir.
Voyages d’étude et sociabilité savante transfrontalière
De nombreux membres effectuaient le « Grand Tour » savant, visitant les sociétés germanophones ou suisses, assistant à leurs séances, rapportant instruments, livres et méthodes. Ainsi, Georges Cuvier, formé à Montbéliard, tire profit de ses séjours à Stuttgart et à Paris pour faire dialoguer les sciences naturelles entre France et Allemagne (cf. Patrick Tort, Georges Cuvier, naissance d’un génie).
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La mobilité des savants était aussi une réalité concrète : près de 40% des membres des sociétés du Quadrilogue de l’Est (regroupant Besançon, Montbéliard, Mulhouse, Bâle) avaient séjourné, travaillé ou étudié à l’étranger entre 1760 et 1830 (source : European Society for the History of Science, 2021).
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Les « séances jumelées » ou « missions » entre sociétés voisines nourrissaient échanges et émulation — par exemple, entre Montbéliard et la Société de Physique et d’Histoire naturelle de Genève dans la première moitié du XIX siècle.